L'été, c'est bien. Déjà, il fait beau. Ou au moins il devrait, parce que là, le ciel parisien ne nous favorise pas trop. Le pays est au ralenti, les gens sont moins stressés (à commencer par moi-même). Les touristes ont l'air content de nous demander leur chemin entre la rue Mouffetard et la Sorbonne, ou de se promener le nez à l'air au hasard des rues ou à la chasse aux monuments, et moi j'aime bien quand les gens se sentent bien et heureux à Paris.
L'été, c'est le moment où on fait toutes les choses super qu'on aurait dû faire pendant l'année, mais qu'on n'a pas faites, parce que pas le temps, pas l'argent, pas la force ni l'envie parce que là faut corriger les copies alors franchement non merci... Et puis, il faut bien le dire aussi, l'été, c'est les vacances.
Entre juillet et août, j'ai été très occupée, et surtout je me suis beaucoup agitée, tout en traversant et retraversant l'Europe avec Jean-François, mon mari (voyage de noces en hommage à la zone Schengen, de l'extension de laquelle nous attendons beaucoup).
D'abord, j'ai passé une semaine à Turin, bien à l'abri derrière les murs de l'Archivio di Stato. L'extase, le bonheur (et le soulagement aussi, quelque part...). J'y ai trouvé beaucoup de choses. D'un dépôt d'archives à l'autre, les correspondances se complètent bien, les questions posées par l'un trouvent leurs réponses dans l'autre et vice-versa, bref, c'est génial. Donc, une semaine de travail intensif (merci à l'appareil photo et à la machine à recharger les piles, sans qui rien n'aurait été possible) qui m'a rendue toute contente, et rien que d'y repenser, j'ai un grand sourire jusqu'aux oreilles. J'attends seulement avec impatience la ligne TGV Lyon-Turin, parce qu'aujourd'hui, aller à Turin en train, c'est très long, surtout quand le train se met à rouler à la vitesse d'un tracteur agricole en montée avec vent de face.
Deuxième étape de mon grand tour: Lausanne. Ma belle-mère avait fait un échange de logements qui l'a conduite en Suisse, et Jean-François et moi nous nous y sommes donné rendez-vous. C'est très joli, le bord du Léman, les montagnes, les rues sans la moindre crotte de chien à l'horizon, les monuments médiévaux aussi propres qu'au premier jour.
Quatre jours plus tard nous voilà partis, à bord de notre Dacia Logan de choc. Direction l'Italie. Vallée du Rhône, col du Simplon (ooooh le joli glacier!), lac Majeur (ouah que c'est beau!), lac de Côme (itou), et première nuit à Lecco, riante cité des bords du lac. Glaces, pizzas, bref, la belle vie.
Le jour suivant, la trouille de ma vie, sur l'autoroute de la plaine du Po. Jean-François, pas perturbé pour deux sous par la folle hystérique à côté de lui dans la voiture, nous a très bien menés (malgré les camions et les psychopathes au volant qui roulaient en file au-delà de 130 km/h, visiblement sans se poser trop de questions) jusqu'aux bords de l'Adriatique (plouf!), puis jusqu'à Trieste, ville étrange de bout du monde. Avec, autour de Venise, deux sympathiques Français en stop qui voulaient aller en Serbie. En espérant qu'ils y sont bien arrivés et qu'ils ont bien profité de leur festival de musique traditionnelle.
Le lendemain, ciao Italia, bonjour la Slovénie, sous la pluie. Les autoroutes slovènes sont très belles, quand elles existent. Autour de Nova Gorica, elles n'existent pas encore. La campagne est belle, m'enfin nous, ce qu'on voulait, c'était voir Ljubljana, la capitale. Hélas, un énorme orage est tombé sur nous, avec des trombes de pluie. Nous passâmes donc notre chemin, et allâmes à Maribor, deuxième ville de pays, qui doit bien faire la taille d'une honnête petite sous-préfecture française. C'est très improbable, Maribor, comme destination d'un voyage de noces, mais c'est très mignon, avec ses colonnes de la peste, son château, ses maisons baroques et parfois rococo.
Après une incursion dans la campagne profonde slovène, nous voici en Hongrie, direction le lac Balaton au fond plat dont l'attrait jamais ne se dément, en tout cas pas pour les touristes allemands. Puis direction Budapest, où on est resté deux jours, sous une chaleur écrasante. Le facteur climatique a réduit les visites culturelles au strict minimum et nous a menés jusqu'aux bains les plus proches de l'hôtel, tranquillous dans la piscine, puis tranquillous à la terrasse d'un restaurant asiatique à la mode où nous mangeâmes quand même des spécialités locales revues par le chef - très bon.
Le caractère balnéaire de notre voyage s'est poursuivi dans les environs de Nuiregyhaza, dans le grand est hongrois, puis à Debrecen, la deuxième ville du pays où nous sommes restés deux jours. Debrecen est dotée à la fois d'un temple et d'un collège réformés (eh oui, qui l'eut cru... en tout cas pas moi l'ignare qui ne pensais pas trouver des coreligionnaires à cet endroit-là de la planète...), et d'un magnifique parc aquatique, avec toboggans et bains dans de l'eau prétendue magique (= thermale) - en tout cas chaude, maronnasse et somme toute très agréable.
L'heure du retour sonna, quelque part autour du parc aquatique (avec promesse réciproque d'aller à Aquaboulevard à notre retour, parce que les toboggans, c'est très rigolo). Retour via la Puzsta, Hortobagy, ses chevaux, ses bovins et son pont à neuf arches, via l'incontournable Balaton, mais du côté montagneux de la chose cette fois, à Balatonfüred, station balnéaire chic et ma foi très jolie.
Nuit dans un hôtel du bord de la route à Nagykanisza, près de la Slovénie, et retour dans la plaine slovène, sans autouroute et par quarante degrés à l'ombre. Ce coup-ci, on s'est arrêté à Ljubljana, qui est une très jolie capitale (et une ville très accueillante où l'on sert de l'Orangina dans les cafés!!!), avant de repartir vers la côte adriatique. Expérience surprenante que cette côte, très proche par tant d'aspects, mais où l'on parle le slovène, langue qui n'évoque pas grand'chose pour nous autres (à part quelques rares mots, souvenirs échoués dans mon cerveau de l'époque lointaine où j'apprenais le russe). On s'est baigné à Portoroz, et on a dormi à Koper.
Après la visite de Koper (dans la vieille ville, on se serait cru à Venise - et puis on a goûté au café et on a su que non, que nous n'étions décidément pas à Venise), retour en Italie. Incursion à Padoue, et retour sur la côte adriatique à Chioggia. Jamais vu une eau aussi sale. Mais la plage était belle et très agréable. Direction, Vérone, où nous avons eu du mal à nous loger, la faute à l'opéra donné dans les arènes de la ville.
Emerveillement devant Vérone. La ville est merveilleuse, et on peut la voir sans tomber dans le kitsch (bon c'est vrai, je suis allée voir le balcon de Juliette en passant devant la maison, mais j'ai vite fui devant l'affluence). Le château, le pont Scaliger, les églises de la ville, les arènes, la place aux Herbes... merveilles de l'architecture, de la peinture... Etape inoubliable.
Arrêt-baignade au lac de Garde (on en aura vu, des lacs...) avant de repartir vers l'Ouest. Arrêt-dîner à Novarre, arrêt fatal au regard de l'essaim de moustiques qui a fondu sur nous. Affreux, piquant, malédictions sur les restaurateurs qui ont réagi avec grand retard, nous laissant comme des proies à ces misérables bestioles haïes. Départ précipité de cette ville inhospitalière, jusqu'à Ivrea, au débouché du Val d'Aoste.
Le lendemain, retour en France, tunnel du Mont-Blanc, autoroute, arrêt dîner à Auxerre (miam), et retour à Paris. Ouf. On va pouvoir dormir un peu... C'était de bien belles vacances, contrastées, intéressantes, agréables, qui nous ont fait une belle coupure. La nouvelle année va pouvoir commencer, on l'attend de pied ferme.