La politique de l'immigration en France commence vraiment à relever d'un gigantesque et irrespectueux importe quoi, le plus arbitraire qui soit. L'attitude des autorités vis-à-vis de personnes ne possédant pas la nationalité française dérape de plus en plus vers ce qui s'apparente à une xénophobie pure et simple.
Dernier exemple en date: une honte terrible, qui ne relève pas à proprement parler de la politique de l'immigration, parce que nulle part dans cette histoire ne trouve-t-on trace du moindre immigrant. Des maires camerounais voulaient, d'une manière fort naturelle, aller au congrès de l'association Cités et Gouvernements Locaux Unis qui se tenait en Corée du Sud. L'association en elle-même, qui promeut la coopération et le jumelage entre collectivités territoriales à l'échelle mondiale n'a rien d'un repère de dangereux terroristes, il faut bien le dire.
Eh bien, ces braves maires n'ont pas eu le droit de passer par la France. Pour prendre une correspondance, dans l'aéroport. Le consulat français a refusé de leur délivrer des visas de transit. On se demande bien pourquoi. Peut-être ledit consulat avait-il peur que, alléchés par la bonne odeur de parfums Dior ou de camemberts qui font la réputation de notre beau pays et que l'on peut trouver dans les rayons des boutiques Duty free, les sept édiles ne veuillent s'installer dans l'enceinte aéroportuaire de Roissy, contrevenant ainsi aux consignes expresses de notre ministre de l'Immigration et de l'Identité Nationale (avec Majuscules...)?
Je dois dire que je suis bien contente que Bertrand Delanoë ait pris la défense des maires camerounais parce que la politique qui consiste à laisser entendre que tous les malheurs du monde viennent des autres, de ceux dont on veut croire qu'ils sont différents est d'abord dégueulasse, et d'autre part qu'elle est porteuse de dangers. Au-delà d'une histoire ridicule pour la France (les maires camerounais sont passés par l'Allemagne et la Suisse, qui eux ne leur ont pas demandé de visa pour fouler le sol de leurs aéroports), c'est un état d'esprit malsain que la droite laisse se propager. Après les tests ADN et les enfants expulsés, après la garde à vue de mamans et de papas avec leur bébés de 3 mois, après les maires camerounais interdits de Roissy, qui sera le suivant? A quoi aurons-nous droit ensuite? Et comment pourrons-nous encore proclamer à la face du monde que nous avons une secrétaire d'Etat aux "Droits de l'Homme"? Il ne s'agit ni d'être naïfs, ni d'être angéliques. Mais ce n'est pas être naïf, ni être angélique, que de dire que le chômage, le problème du logement, la question de l'école, la sécurité, les retraites, les conditions de travail, etc... que toutes ces questions essentielles aujourd'hui n'ont rien à voir avec l'immigration. Ce n'est pas être naïf, ni angélique. C'est seulement être responsable, et assumer ses valeurs de républicains.
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